Qe serait une planète orchestrée autour d’un « Je sens, je ressens,
donc je suis », plus que du célèbre « Je pense, donc je suis » ?
Les clowns, comme le Petit Prince de Saint-Exupéry d’ailleurs, vivent
vraisemblablement sur une telle planète ! Ces personnages nous emmènent
dans un univers où l’intelligence sensible, émotionnelle et corporelle est
maîtresse. La présence à soi, aux autres et au monde prend source non pas
dans les concepts, les droits et les devoirs dictés par des lois, mais dans une
perception sensible, immédiate et profondément sincère des choses.
Ce monde où sensations et émotions sont reines est le terrain de rencontres et
de jeu des clowns de VIVRE AUX ÉCLATS avec les personnes vulnérables,
et en particulier celles dont les facultés cérébrales sont altérées : les enfants
atteints de polyhandicaps et les adultes atteints de maladies type Alzheimer.
Oralité et idées ne sont pas au premier plan, il est cependant évident que
le vivant est présent et qu’il s’exprime et se déploie avec intensité, brillance
et poésie ! Dans ce monde, ne pas parler, ne pas mettre des mots sur un
souvenir ou ne pas concevoir un raisonnement logique ne sont pas des
handicaps. Dans ce monde, tant qu’il y a des sentiments, des sensations, il y
a de la vie qui vaut la peine d’être vécue, partagée et célébrée !
Sur la planète des clowns, un autre adage fait évidemment loi : « Je ris
donc je vis ». L’appétit du jeu, la gourmande quête du plaisir et de la joie
permettent à chacun (enfant hospitalisé, parent, soignant, personne âgée
dépendante) de « se décoller » d’une réalité dramatique le temps d’un trait
d’humour ou d’un fou rire. Dans la brèche de l’éclat de rire, un nouveau
souffle peut naître. L’humour est une respiration qui offre la possibilité de
porter un autre regard sur le présent, un éclats de rire partagé, un bol d’air
qui donne envie de mordre la vie à pleines dents, en toutes circonstances.
Pauline Woestelandt, directrice de VIVRE AUX ÉCLATS
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