Le 21 septembre, Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, est l’occasion de mettre en lumière le travail mené par les clowns de l’association VIVRE AUX ECLATS dans les EHPAD de la Métropole lyonnaise.
Le clown est un personnage naïf et poétique, burlesque et sérieux à la fois, qui s’émerveille de tout et porte un regard toujours neuf sur le monde et les personnes qui le peuplent. Il met en avant ses qualités et ses défauts sans distinction, se présente tel qu’il est. Le contact avec les autres est direct, et emprunte nombre de vecteurs : la parole et le rire, la musique, les gestes… La tentative de communication dépasse le simple langage verbal. Le clown se met réellement au même niveau que la personne avec qui il échange, même si cela veut dire se coucher sur le sol pour regarder quelqu’un dans les yeux. Il vit dans le présent, seul l’instant qui est en train de se jouer compte. Même si les relations qu’il entretient se tissent dans le temps, il compose avec ce qui se présente face à lui. Cette improvisation continue rend chaque rencontre unique et irremplaçable.
Les clowns de VIVRE AUX ECLATS ne s’invitent pas dans les EHPAD pour « donner un spectacle ». Ce qu’ils cherchent, c’est à créer des moments de partage, des relations, où le public se retrouve en fait dans le rôle de l’acteur qui participe de ce qui se joue.
Construire une situation ensemble, c’est immanquablement solliciter une personne et lui accorder un droit d’expression. Cela peut se voir dans une prise de parole, dans un geste, dans un refus. Quel plaisir que de pouvoir jeter un clown hors de sa chambre ! Un « mauvais accueil » peut être un succès pour les clowns, tant que c’est une affirmation. Quel plaisir aussi, lorsque l’on suit des indications médicales à longueur de journée, de pouvoir à son tour donner des « ordres » à quelqu’un ! Certains résidents éprouvent en effet le besoin de commander aux clowns, de les diriger, d’exercer sur eux une forme de coercition. D’autres au contraire sont heureux de pouvoir s’en remettre à des interlocuteurs attentifs. Il n’y a pas de règles, seulement des rencontres.
Laisser le choix dans la relation, donner du pouvoir… C’est une approche non seulement pertinente mais aussi salutaire en gériatrie, qui redonne une place aux résidents. La richesse de ces situations permet de mieux s’ancrer dans l’instant et dans la relation.
Les clowns permettent d’introduire l’inattendu et la surprise dans le quotidien des EHPAD, ils donnent à voir autrement les objets et les personnes. En cela, ils touchent aussi les familles et les soignants, qui parfois redécouvrent les personnes âgées.
Cela n’est cependant pas une vérité à sens unique. Sans les soignants, les clowns auraient bien du mal à s’intégrer dans les couloirs. Ils connaissent les résidents, peuvent en parler lors de relèves faites spécialement pour les comédiens à chaque visite. Et ils permettent souvent de relancer le jeu avec leur énergie et leur enthousiasme.
Ainsi, si en EHPAD les principaux intéressés restent les résidents, les liens qui unissent les soignants aux personnes âgées sont bien trop intenses et ce qui touche les uns touchent forcément les autres même de façon indirecte.
C’est là la portée la plus intéressante de ces visites en EHPAD : de professionnels à professionnels, de personnes à personnes, elles enrichissent les approches sur la fin de vie en institution, et sur l’accompagnement des personnes âgées dépendantes. C’est une réflexion commune qui s’engage et qui vise à faire évoluer les pratiques.
Extrait de l’article « Respecter en prenant des risques : comédiens-clowns auprès de personnes âgées dépendantes » Andréa Magnolfi
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Jefaisundon
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